Ouverture d’un bureau de liaison entre les deux Corées

«Un nouveau chapitre de l’histoire s’ouvre ici aujourd’hui» a déclaré ce vendredi Cho Myoung-gyon, le ministre sud-coréen de l’Unification lors de la cérémonie d’ouverture par Séoul et Pyongyang d’un bureau de liaison conjoint dans la ville frontalière de Kaesong au nord. Ce bureau qui, pour Ri Son Gwon, le chef de la délégation nord-coréenne, est le «fruit substantiel nourri par le peuple du nord et du sud» est une sorte «d’ambassade» commune aux deux pays.

Faisant suite à l’accord que les dirigeants des deux pays avaient lancé lors de leur rencontre historique d’avril dernier, ce bureau situé à Kaesong, à 60 kilomètres de Séoul et à 140 kilomètres de Pyongyang est un bâtiment de quatre étages. Comprenant des salles de travail séparées pour le Nord et le Sud ainsi qu’une salle de conférence commune, il servira de canal de communication permanente, facilitera la coopération entre les deux pays sur différents fronts et atténuera les tensions puisque des réunions hebdomadaires s’y tiendront entre des représentants du Nord et du Sud.

Intervenant préalablement à la visite qu’effectuera le président sud-coréen à Pyongyang dans les jours qui viennent, l’ouverture de ce bureau est un nouveau signe du rapprochement en cours entre les frères-ennemis d’autrefois. Cette «ambassade commune» permettra aux deux pays, selon le ministre sud-coréen de l’Unification, «d’établir des consultations directes 24 heures sur 24 et 365 jours par an sur les questions relatives aux relations intercoréennes, à la paix et à la prospérité dans la péninsule coréenne».

Ainsi, au cours de cette semaine, les présidents des deux Corées se rencontreront à Pyongyang pour un nouveau sommet durant lequel seront relancés les pourparlers portant sur la dénucléarisation de la péninsule. C’est à ce titre que, la semaine dernière, le président Kim Jong-un avait, pour la première fois, évoqué un calendrier laissant entendre que le processus de dénucléarisation pourrait s’achever avant la fin de l’actuel mandat du président américain.

Et si, depuis la rencontre de Trump et Kim Jong-un à Singapour en Juin dernier, le processus menant à la dénucléarisation semble piétiner, un nouveau sommet entre les deux dirigeants pourrait avoir lieu incessamment si l’on en croit le président sud-coréen. Ce dernier aurait, en effet, reconnu ce jeudi que, d’une part, la Corée du Nord a «la volonté de mener sa dénucléarisation» et que, d’autre part, les Etats-Unis seraient prêts «à tourner la page des relations hostiles et à fournir des gages de sécurité». Et le président sud-coréen d’ajouter que s’il y a des blocages de part et d’autre c’est parce «chaque camp demande à l’autre d’agir en premier».

Enfin, le mois dernier, le président américain avait subitement annulé la visite que devait effectuer à Pyongyang son secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Mike Pompeo; un  revirement soudain qui avait poussé les dirigeants nord-coréens à dénoncer les méthodes de «gangster» des américains voulant obtenir un désarmement unilatéral de la part de la Corée du Nord mais refusant de faire toute concession ou même d’alléger le train des sanctions. Mais malgré cela, le Président nord-coréen a, tout de même, adressé à son homologue américain une lettre lui demandant une nouvelle rencontre entre les deux chefs d’Etat et a caché dans les hangars les missiles balistiques intercontinentaux – sujets de toutes les controverses – lors du défilé commémorant le 70ème anniversaire de la Corée du Nord.

Allons-nous réellement vers une dénucléarisation de la Péninsule et, à terme, vers cette réunification des deux Corées que le monde entier appelle de tous ses voeux ? Tout semble l’indiquer, pour l’heure, mais attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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