La crise du tourisme n’est pas une fatalité!

Dans une sortie médiatique, l’ex président du Conseil Régional du Tourisme de Souss Massa, Said Skalli, n’a pas mâché ses mots pour mettre à nu les approximations de la politique de l’Etat à l’égard de l’un des secteurs les plus névralgiques de l’économie du pays.

L’expert professionnel, connu pour son savoir-faire en la matière, depuis plus de quatre décennies, a fustigé cette déchéance, notamment au niveau de l’aérien, talon d’Achille de l’expansion de l’industrie touristique. En fait, au moment où les opérateurs du domaine de la première station balnéaire jouissaient des années de floraison, les décideurs centraux ont cru bon d’entrer en concurrence avec les compagnies aériennes low-cost, montées en puissance dans le marché mondial, telles EasyJet, Ryanair…

Pour ce faire, ils anéantissent des initiatives marocaines ambitieuses, en particulier le projet aérien Mondair, mis en œuvre par le défunt Belahcen Wakrim et se lancent dans la mise en place d’Atlas Blue pour la promotion du volet vital. Un cuisant échec en perspective, puisque les Tours Opérateurs n’en ont fait qu’une bouchée pour atterrer ce rêve illusoire.

Dans le même ordre d’idées, en 2004, en pleine vision 2010, il était impossible de rivaliser avec les géants des charters du vieux continent. La Royal Air Maroc, avec toute la volonté qu’elle mettait en avant, ne pouvait quasiment pas se hasarder à prendre ce risque, avec une cinquantaine d’appareils en sa possession. C’est ainsi que nombre de liaisons directes au départ de moult villes d’Europe et à destination d’Agadir, comme Zurich, Genève ou encore Bologne et Rome, disparaissaient au profit d’autres produits similaires.

On a mis à l’écart plus de huit vols directs sous contrat, sans trop se poser des questions, particulièrement les pays scandinaves, tels que la Suède, la Finlande, la Norvège, le Danemark… A l’époque, au temps des mandats de Said Skalli, le CRT d’Agadir avait vivement mis en garde le gouvernement de l’énormité de l’erreur si on s’évertuait à mettre dans le bain d’une telle absurdité face à des grandissimes du low cost européen. Ce serait un suicide ! Le temps avait donné raison à cette conception plus réaliste et pondérée.

Aujourd’hui, après une quinzaine d’années de cette cinglante mésaventure, on a toujours beaucoup de peine à recouvrer le marché Scandinave et germanique, plus spécialement. Par ailleurs, en termes de capacité litière, il serait encore aberrant de continuer à tolérer des structures hôtelières qui datent des années 60 et 70.

Presque toutes les bâtisses  urbanistiques et spécifiques à l’hébergement ne sont plus conformes aux normes actuelles et aux exigences de l’accueil requis. Plus de 40% de ces constructions antiques sont sous l’effet de l’usure. Il va donc falloir, pas uniquement se contenter de la peinture des murs et de l’embellissement des façades, mais de la réforme radicale. L’Etat devrait, en effet, intervenir pour soutenir ces hôtels en situation délabrée qui occupent des superficies de 5 ou 6 hectares, en plein centre ville, tels Sud Bahia, Al Moggar ou Club Méditerranée…

Des facilités d’investissement devraient leur être accorder, afin de les raser complètement et mettre à la place, en deux ans maximum, de nouvelles offres infrastructurelles, répondant aux conformités idoines. La crise que traverse le tourisme actuellement à Agadir n’est pas une fatalité, mais ce n’est pas par des saupoudrages superficiels qu’on peut la dépasser et non pas non plus par de grosses bavures comme celle de 2004 qu’on peut laisser derrière.

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