Apostasie!

Les Marocain(e)s n’aiment-ils/elles pas leur pays ? A-t-on même le droit de poser cette question ? De tout temps, ils ont toujours fait preuve de fidélité hors pair à leur nation, depuis bien avant le protectorat à nos jours, sans relâche ni dérobade.

Depuis des siècles, leur bravoure à l’égard de la patrie et leur fierté d’appartenance à la terre est sans frontières. Aussi bien sur les montagnes que dans les plaines, le sentiment d’attachement aux origines, solidement enraciné dans les tréfonds, ne souffre d’aucune contestation, à travers des ères séculaires les plus tendues de l’histoire. Qu’en est-il maintenant? Cette imprégnation intense se serait-elle effritée par les effrois et les supplices de la vie quotidienne? Des prémices aussi angoissants que préoccupants surgissent dans le Maroc d’aujourd’hui qui ne font qu’interpeller et tarauder si vivement  les diverses composantes de la nation.

Jamais on n’entendait parler d’actes d’immolation sur la voie publique ou encore de brûler le drapeau et de honnir l’hymne national dans les stades! Jamais on ne se mettait à détruire les pièces d’identité ou encore à proférer des mots grossiers à l’encontre des racines de son entité! Jamais on ne se permettait de conspuer les symboles sacrés de l’Etat et de ses institutions ! Jamais, enfin on n’aurait cru que les jeunes se seraient facilement hasardés à enfourcher si intensément les barques de la mort pour un monde chimérique et, de ce fait, se désisteraient carrément des liens de la parenté et des jonctions de la nation ! Ces phénomènes étranges aux traditions et aux usages marocains quoiqu’en phase embryonnaire, sont, néanmoins, en passe de faire germer et forger une forte contagion mécréante d’impiété et d’indévotion dans les veines et les esprits des générations montantes.

«Rien n’est gratuit, tout à un sens !», disait un jour, le penseur marxiste français, Louis Althusser du siècle écoulé. Il est donc bien évident que ce reniement subit n’est pas tombé du ciel. Il a des raisons plausibles dans le vécu quotidien. On ne peut s’étonner d’une situation aussi atroce et périlleuse pour le dessein de la patrie elle-même, puisqu’elle touche de visu l’essence de l’existentiel. C’est dire combien on badine à présent avec le devenir du pays par des politiques hypothétiques, assénant des coups durs au cœur de l’existence et la patrie qu’est l’élément humain. Tel qu’ils sont façonnés, depuis des siècles, jamais les Marocain(e)s n’oseraient verser dans la dénégation de leur raison d’ère.

C’est à coup sûr, dans le traitement des gouvernants à leur égard qu’il va falloir aller dénicher les causes de leurs réactions hérétiques envers la nation. «Va, je ne te hais point !», disait Chimène à Rodrigue qui vient de tuer son père, lors d’un duel légitime, dans la célèbre pièce de théâtre, «le Cid» de Corneille du 17e siècle. Cette fameuse litote qui ne cesse de circuler dans toutes les langues, conviendrait, sans doute, à tout(e) Marocain(e) se trouvant dans un état de fébrilité profondément apostasiée.

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