Marrakech: un éco-centre pour la construction en terre crue

Le Centre de formation à la construction en terre crue, implanté dans la villa Janna située dans la Palmeraie de Marrakech, a été créé dans l’objectif de ressusciter les techniques de construction en terre crue et en matériaux locaux et promouvoir de nouvelles techniques de construction éco-responsables.

Cet éco-centre se positionne comme un lieu de référence pour toutes les actions de promotion, formation, recherche et sensibilisation aux nouvelles techniques de construction éco-responsables et respectueuses de l’environnement.

Ce projet propose tout au long de l’année des accompagnements et formations, en dehors des stages sur la construction en terre, sur l’architecture bioclimatique, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, le recyclage, le traitement des eaux usées et la gestion des déchets.

Dans une déclaration à la MAP, le président-fondateur de ce Centre, Denis Coquard, a indiqué que ce projet, qui dispose d’un laboratoire partenaire spécialisé qui permet d’optimiser la qualité de la terre et des matériaux à mettre en œuvre, a pour vocation de conseiller, de proposer une assistance technique et des formations au profit des maîtres d’ouvrage, des architectes, des maîtres d’œuvres, des particuliers et des entreprises.

Coquard déplore que la construction en terre crue soit considérée aujourd’hui comme vieillotte ou «habitat du pauvre», et est en train de péricliter et délaissée par la population et les professionnels du bâtiment.

Aussi, la main-d’œuvre compétente devient-elle rare et les savoir-faire dans ce domaine sont en train de disparaître, a-t-il fait remarquer.

Selon lui, la construction en terre est une alternative des plus intéressantes car la terre est abondante, proche, saine, performante et recyclable.

De plus, la terre crue est assurément un des matériaux de construction à la plus faible empreinte carbone et la plus faible énergie grise, a-t-il soutenu dans ce contexte.

«Nous sommes aujourd’hui contraints de nous inscrire dans le développement durable et de revoir nos modes de construction afin de privilégier des comportements éco-responsables», a-t-il insisté.

«On se rend compte aujourd’hui des conséquences nuisibles sur l’environnement d’un certain nombre de matériaux utilisés, dont notamment la destruction des ressources, les pollutions, les déchets, et les émissions de gaz à effet de serre», a-t-il ajouté.

Coquard a indiqué dans ce sens que la villa Janna où est implanté ce centre, est elle même, construite en terre crue sur un terrain de plus de 2 ha, de façon à devenir une maison d’hôtes écologique.

La villa se veut une vitrine et un exemple pour servir la cause du renouveau de la construction en terre, a-t-il soutenu.

Et d’expliquer que sa structure de couverture est faite avec des arches, des voûtes et des coupoles pour faire travailler la terre en compression.

Considéré comme le plus grand complexe éco-responsable en terre crue d’Afrique et du Maroc, cet éco-centre de conception éco-systémique a la spécificité d’intégrer l’utilisation de la terre crue prise sur place (un des plus performant matériau en matière d’énergie grise), qui permet d’obtenir une grande inertie thermique à faible coût et une très bonne régulation hygrométrique grâce à la propriété de l’argile.

Il intègre aussi les énergies renouvelables avec la production d’eau chaude solaire, la production électrique par panneaux photovoltaïques, l’utilisation de systèmes type puits canadien pour le chauffage et le rafraîchissement, la gestion de l’eau avec un double circuit d’eau (potable et non potable), le traitement des eaux noires et grises par phyto-épuration pour l’irrigation, la permaculture et le recyclage des déchets (compost), le système de type puits provençal pour le rafraîchissement, et le traitement des eaux et des déchets.

Coquard a indiqué que la capacité d’hébergement de l’éco-riad est de 32 stagiaires, alors que les salles de cours et de formation peut accueillir jusqu’à 40 personnes, en plus d’un amphithéâtre de 400 places.

En chiffres, le Centre de formation à la construction en terre crue a déjà organisé plus de 15 formations de 2012 à 2018.

Les principaux bénéficiaires de ces formations sont les maîtres d’ouvrage, les maîtres d’œuvres, les architectes, les bureaux d’études, les entreprises du BTP et les apprentis maçons.

Pour Coquard, la création de ce centre au Maroc s’inscrit dans une démarche de promotion au niveau international de la construction en terre crue par la formation et par la reconquête des savoir-faire.

Et de préciser que le Centre de la terre regroupe une équipe de plus de 24 professionnels compétents dans le domaine de la terre et résidant en France, en Europe, au Maroc et en Afrique.

Ce sont des maîtres d’ouvrages publics ou privés, des maîtres d’œuvres, architectes, bureaux d’études, ingénieurs, laboratoires, des entreprises, des membres d’associations et des journalistes entre autres, a-t-il indiqué.

Coquard s’est réjoui que les efforts consentis par les promoteurs de ce projet écologique soient couronnés par l’obtention de plusieurs prix, dont le premier prix mondial des Architectures contemporaines en Terre crue.

Ce projet écologique a aussi reçu le 1er prix «Trophées Maroc Tourisme Durable-Initiative Climat -COP 22», organisé par le Ministère du Tourisme du Maroc en 2016 à l’occasion de la COP 22.

Ce projet a également obtenu en 2016 la Mention au 16è Prix du Projet Citoyen organisé par l’Union Nationale des Syndicats Français d’Architectes.

Fouad Benjlika (MAP)

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