Brésil: Vers l’extradition en Italie de Cesare Battisti…

«Battisti est détenu ! La démocratie est plus forte que le terrorisme» a déclaré, ce dimanche, sur son compte Twitter, Antonio Bernardini, l’ambassadeur d’Italie au Brésil. Mais  qui serait donc ce personnage dont l’arrestation à Santa Cruz de la Sierra en Bolivie suscite tant de jubilation et fait autant de bruit?

Cesare Battisti, 63 ans, est un ancien militant du groupe d’extrême-gauche des «Prolétaires armés pour le communisme» (PAC) considérés comme formation terroriste par la justice italienne dès lors qu’ils étaient impliquées aussi bien dans des braquages crapuleux que dans des assassinats politiques. Poursuivi pour des meurtres dont il se serait rendu coupable mais dont il se dit innocent, Cesare Battisti avait été arrêté et incarcéré par les autorités italiennes en 1979. Après s’être évadé de prison en 1981, le fugitif va trouver refuge à Paris puis au Mexique où il passera sept années avant de revenir en France en 1990.

Devenu auteur de romans policiers à succès, l’ancien «terroriste» ne sera pas inquiété par les autorités de l’Hexagone car le Président socialiste François Mitterrand avait décidé de ne point extrader les militants d’extrême-gauche ayant renoncé à la lutte armée. La justice italienne, qui, de son côté, ne l’entend pas de cette oreille, le condamne en 1993 par contumace à la réclusion à perpétuité pour son implication dans quatre meurtres et ne cesse, depuis lors, de réclamer son extradition.

Conscient qu’avec Jacques Chirac comme nouveau chef de l’Etat, les données n’étaient plus les mêmes, Battisti s’était donc trouvé contraint de quitter la France pour le Brésil en 2004. Emprisonné, dans une première étape par les autorités brésiliennes, il sera libéré en 2011 par le Président Lula après que ce dernier ait décidé de ne point le livrer aux autorités italiennes. Mais, même au Brésil, tout a changé. Les socialistes du Parti des Travailleurs n’y ont plus le pouvoir qui est, désormais, entre les mains de Jair Bolsonaro, un nostalgique de la dictature militaire. Aussi, dès le 14 décembre dernier, accédant à la demande faite aux nouvelles autorités de Brasilia par le vice-président du Conseil italien et ministre de l’intérieur, le populiste Matteo Salvini, un juge de la Cour Suprême brésilienne avait ordonné l’arrestation de Cesare Battisti «en vue de son extradition».

Ce dernier qui n’avait plus d’échappatoire hormis la fuite quitta donc le Brésil pour la Bolivie voisine. Mais par pour longtemps à vrai dire car dès dimanche 13 janvier, Filipe G.Martins, le conseiller spécial pour les Affaires étrangères du nouveau président brésilien annonça sa capture à Santa Cruz de la Sierra. Immédiatement, le député Eduardo Bolsonaro, fils du nouveau chef de l’Etat brésilien, déclara en italien sur Twitter et à l’attention du ministre italien de l’intérieur tout en accompagnant son message d’une photo de Cesare Battisti : «Le Brésil n’est plus une terre de bandits… le  petit cadeau» va arriver».

Pour rappel, dès l’investiture du président Jair Bolsonaro, son fils Eduardo avait promis au Vice-Président du Conseil et ministre italien de l’Intérieur de lui envoyer un cadeau très prochainement. Ce cadeau avait pour nom Cesare Battisti.

Ainsi, au vu du somptueux cadeau qu’entend offrir le Brésil à l’Italie au seuil de cette nouvelle année 2019, il semble que les relations entre les nouvelles autorités des deux pays soient vouées à un très bel avenir mais attendons pour voir…

Nabil Bousaadi

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