Télémédecine: Nouvelles opportunités pour le Maroc et l’Afrique

Le secteur de la santé souffre toujours d’un grand déficit en infrastructures sanitaires et en ressources humaines qualifiées. Selon les participants à une conférence sous le thème « Télémédecine en Afrique : Perspectives et défis » organisée récemment à Marrakech, l’évolution des technologies d’information et de communication représente une grande opportunité pour mieux faire face aux différents défis.

Organisée dans le cadre de la 1ère édition du Festival « ZoomSanté » initiée sous le thème « l’audiovisuel au service de la santé », la conférence a connu la participation des différents acteurs du secteur de la santé. Les intervenants à cette rencontre, ont relevé que l’intégration des technologies d’information et de communication (TIC) en médecine en Afrique est de nature à remédier aux problèmes liés notamment à la pénurie en ressources humaines spécialisées et la concentration des infrastructures socio-sanitaires en zones urbaines et périurbaines. Tout en notant que le budget alloué par les Etats africains à la santé reste en dessous des standards de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les participants ont estimé que la télémédecine est porteur d’espoir pour « la démocratisation des soins » et l’augmentation de l’efficacité et de l’efficience des systèmes de santé africains.

Pour le chef de division d’informatique et méthodes au ministère de la santé, Abdelkader Mhayi, la télémédecine est considérée comme l’un des moyens les plus efficaces pour appuyer la réforme du système de santé et accompagner la mise en place de la couverture sanitaire universelle (CSU) et une solution aux contraintes budgétaires et à la pénurie en ressources humaines qualifiées. Elle permettra aussi au Maroc de redessiner la carte sanitaire et de faciliter les parcours de soins, a-t-il indiqué, présentant à cette occasion des exemples d’initiatives de télémédecine entreprises au Maroc ainsi que le Plan national pour le développement de la télémédecine, dont la mise en œuvre a débuté avec la création de la Société marocaine de télémédecine (SMT) à laquelle ont été confiées les missions de la contribution au développement de la pratique de la télémédecine, la promotion et le soutien à son déploiement à l’échelle nationale notamment en faveur des populations des zones défavorisées et enclavées, l’installation et l’exploitation de toute infrastructure technologique ou physique permettant la réalisation des actes de télémédecine et l’encouragement et l’incitation des établissements et des professionnels de santé à la pratique des actes de télémédecine.

Il a en outre, fait savoir qu’une stratégie nationale e-santé est en phase préliminaire de réalisation en collaboration avec l’Agence française de développement (AFD). Le directeur du Centre hospitalier national de Dalal Jamm à Dakar, Moussa Sam Daff, a pour sa part, fait savoir que d’ici 2023, la Stratégie nationale de santé digitale (SNSD) permettra au Sénégal d’améliorer durablement la CSU des populations et d’assurer une prise de décision des acteurs basée sur des informations de qualité. Daff, qui présentait aussi les initiatives de télémédecine lancées dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest, a passé en revue les obstacles majeurs qui sont à lever pour le déploiement rapide de la stratégie e-Santé au Sénégal, dont les coûts élevés des communications Internet et mobiles et la persistance de déserts numériques (non couvertes par les réseaux mobiles et Internet).

Le directeur du CHU de Tengandogo (CHU-T/) à Ouagadougou, Alexandre Sanfo, a de son côté, noté que les initiatives lancées par le Burkina Faso pour la promotion de la télémédecine, n’ont pas encore atteint les objectifs escomptés, relevant que la grande contrainte devant la réussite de telles initiatives, lancées en partenariat avec notamment l’Inde et la Chine, reste la barrière de la langue. Sanfo a en outre, indiqué que le CHU-T est disposé a s’inscrire dans une collaboration inter-hospitalière sud-sud à travers les échanges de professionnels de la santé et les transferts de compétences dans le cadre d’une plateforme de télémédecine.

Badr Atabi

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