5e édition du salon Halieutis d’Agadir: l’heure du bilan!

Saoudi El Amalki

C’est aujourd’hui que le 5e manche du salon international Halieutis largue les amarres pour une croisière de quatre jours dans le large de la première station balnéaire du royaume.

Cet événement halieutique de haute facture qui porte le même nom que la stratégie nationale du secteur, lancée en 2009, justement dans la capitale du Souss, gagne en notoriété et en maturité d’année en année. Erigé comme un pouls de constat de l’état d’avancement du plan adopté, il y a une décennie, mais également comme un postulat attractif aux nuées d’exposants et de technologie en la matière. Cette année encore, à la veille de l’expiration de la durée de cette décennale sectorielle, l’heure du bilan afférent s’impose dans les engrenages de l’économie bleue.Globalement, on s’accorde à dire que les vissées qu’on s’était fixées pour 2020, effleurent les attentes escomptées.

En fait, malgré le potentiel naturel marin, étendu sur plus de 3500 km des deux côtés du territoire et la clémence climatique propice, notre pays n’en ressort que 1% du PIB. Sans parler de l’effort logistique entrepris dans le sens de la mise à niveau de la flotte et de la muse en place des exigences durabilité et de traçabilité.

Cette antinomie trouve son explication dans le monopole des barons soldatesques de la ressource au sud dont les licences hauturières sont exclusivement délivrées pour leur propre compte, la surpêche excessive à laquelle s’adonnent des «bourreaux du large», par le biais de matériel massacreur, sans aucun respect de l’arrêt biologique ni du poisson juvénile et la flambée du marché international qui asphyxie la consommation domestique, puisque le taux ne dépasse guère 16 kilos par habitant pour l’année…

En plus de la vulnérabilité de la sécurité alimentaire en cette denrée vitale, on notera, non sans amertume, la disparité sociale sous laquelle gémissent encore plus de 700 000 employés dans les divers compartiments du secteur. A ce propos, on s’indignera également des conditions ardues voire inhumaines auxquelles est soumise la main d’œuvre maritime…

En effet, un secteur qui n’approvisionne pas suffisamment le carreau local de la poissonnerie pour assurer l’autonomie, alors que la valeur ajoutée nationale n’en est qu’à 1%, est loin de se hisser aux aspirations attendues.

D’autre part, on constatera, non sans peine non plus, que les captures poissonneuses sont exposées à des pillages, depuis leur irruption sur les quais portuaires jusque leur chargement dans les camions frigorifiques, en passant par les criées et les ponts-bascules. Les quotes-parts taxales de l’Etat dont bafouées par des intermédiaires, en connivence avec les  multiples intervenants aussi bien étatiques que professionnels. Tout le monde y trouve son compte dans la répartition quotidien de ces butins juteux!

Certes, notre pays se lance résolument dans l’économie bleue pour une approche plutôt bio-systémique, en favorisant le tourisme écologique,  dans le secteur des voyages, l’aquaculture, dans les mèches maritimes, les activités aéroportuaires. Cette nouvelle approche serait, sans doute, en mesure de pérenniser les secteurs, fondée sur une politique volontariste qui rompt avec le laxisme vis-à-vis des hégémonies aux galons, des massacres aux sennes, des inégalités, des brigandages…

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