Dans son «Discours à la Nation», Poutine essaie de redorer son blason…

C’est en étant confronté à une importante chute de sa côte de popularité et à une grogne sociale sans précédent que le Président russe Vladimir Poutine, 66 ans, à la tête du pays depuis 20 ans, s’est adressé ce mercredi à ses compatriotes pour son traditionnel «discours à la Nation»; le premier depuis sa réélection en mars 2018 pour un quatrième et dernier mandat qui devrait s’achever en 2024.

Sa côte de confiance et de popularité, naguère spectaculaires, ont été particulièrement écornées ces derniers mois d’abord à cause de sa décision de relever l’âge de la retraite puis du fait de la hausse, depuis le 1er Janvier dernier, de la TVA  qui a sérieusement dopé les prix alors que les salaires stagnent à de très bas niveaux.

Pour rappel,  à la veille de son investiture pour ce quatrième mandat, Vladimir Poutine avait, dans un discours «de campagne» lu devant les deux chambres du Parlement, promis de relever le niveau de vie de ses compatriotes avant de s’étaler, pendant plus d’une heure et vidéos à l’appui, sur les capacités et, surtout, sur «l’invincibilité» des nouvelles armes dont dispose le pays et ce, à un  moment où les tensions avec l’occident étaient assez vives. Ce discours avait contribué à «souder» les russes autour de leur président en l’élisant avec 76,7% des voix.

Mais le relèvement de l’âge de la retraite et la hausse de la TVA ont fait que sa côte de confiance est rapidement tombée à 32,6% selon l’institut public VTsIOM.

Aussi, pour redorer son blason, le Président russe a, d’emblée, dans le discours de ce mercredi, promis «une meilleure qualité de vie» aux familles en leur assurant «plus d’enfants, moins d’impôts». Parmi les plus importantes mesures énoncées par le chef de l’Etat, figurent la réduction des impôts fonciers au-delà du deuxième enfant y compris pour les habitations secondaires, le doublement de l’allocation pour «enfant handicapé», l’abaissement du crédit hypothécaire avec une prise en charge partielle à hauteur de 450.000 roubles soit 6.000 euros environ ou encore un changement radical dans le système des soins de «longue durée». Enfin, une enveloppe de 1000 milliards de roubles sera allouée à la lutte contre le cancer.

D’importantes mesures incitatives seront également prises. Ainsi, à l’instar des médecins, une prime d’un million de roubles sera attribuée aux enseignants qui consentiront à s’installer dans les zones rurales afin de pouvoir acquérir un logement.

Le chef de l’Etat n’a pas omis, non plus, dans son intervention, de recommander aux fonctionnaires d’adopter des attitudes «moins arrogantes et moins hautaines».

Mais, contrairement au précédent «discours à la Nation» dans lequel Vladimir Poutine s’était longuement étalé sur les relations internationales, seule une petite partie de l’allocution de ce mercredi a été réservée à ce volet. Très peu de mots, en effet, sur le conflit syrien quand bien même la Russie y est partie prenante et y joue un grand rôle, quelques bonnes notes attribuées aux pays amis comme l’Inde, la Chine et le Japon avec lesquels le président russe compte signer le traité de paix en souffrance depuis la fin de la deuxième guerre mondiale puis un petit clin d’œil à l’Union européenne pour qu’elle «prenne des mesures réelles» dans le cadre de l’établissement de «relations économiques normales» avec Moscou.

Cette intervention permettra-t-elle à Vladimir Poutine de redorer un blason quelque peu terni par des mesures impopulaires et de «ressouder» les russes autour de leur président qui – sauf modification de la Constitution – accomplit son dernier mandat à la tête du pays? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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