La perception envers l’Autorité, dans le sens large du terme, a-t-elle bien changé, selon les mutations sociétales actuelles? Aujourd’hui, on a plutôt l’impression que l’image perçue par rapport à l’Autorité tend à ternir, du fait qu’elle perd de son «autorité», appelée dans les milieux populaires de «L’hiba».
On sort dans la rue avec des slogans et des pancartes sans que l’Autorité, incarnée dans le service d’ordre, ne réagisse ou presque. Quoiqu’on puisse avancer, à ce propos, la riposte virulente d’antan de l’Autorité n’a lieu que rarement, quand vraiment les manifestations dépassent toutes les limites tolérées, au risque de porter préjudice aux vies humaines et de saccager les biens des citoyens.
D’aucuns estiment que c’est là un réel signe d’effritement du pouvoir de l’Autorité, devant la montée galopante de la vie active, sous toutes ses formes. D’autres considèrent que c’est un indice de degré de croissance des marges de libertés et de droits humains. Toutefois, si l’Autorité ne s’obstine plus à réprimer machinalement comme elle s’était plu de procéder bien auparavant, à l’encontre des mouvements protestataires, c’est qu’elle le fait en toute conscience, par respect de cette évolution crescendo de la vie publique et qu’elle se retient d’attiser les tensions vindicatives face à des expressions somme toutes légitimes.
En fait, si par hasard l’Autorité s’amusait à recourir aux formules de répression des ères révolues, elle en serait prise dans son propre étau.
Cependant, on ne peut pas passer sous silence ces réflexes nostalgiques des périodes tristes auxquelles l’Autorité faisait appel, de temps à autre, pour avorter une manifestation ou procéder à des arrestations arbitraires. Ces opérations outrancières qui surgissent bien souvent sont heureusement, de plus en plus, rarissimes dans notre quotidien. Il faut bien reconnaître que notre système sécuritaire accompagne l’évolution d’une démocratie marocaine vulnérable et versatile certes, mais irréversiblement engageante. Sans nul doute, les rapports Autorité/Population ont donc connu des améliorations notoires, en raison des avancées affichées dans tous les domaines, y compris celui de la Sécurité à plus d’un titre. L’Autorité marocaine en sort grandie et honorée et ce n’est nullement un signe de faiblesse si elle s’abstient de rudoyer les foules dans des moments de bouillonnement surchauffé.
Toutefois, le gros du morceau reste à rectifier au niveau de la «grosse Autorité» qui continue à miner le pays, à travers les grandes manœuvres de détournement, de monopole, de trafic…C’est, en fait, le moment de secouer le cocotier pour mettre au pied du mur cette «grosse Autorité» dévastatrice, au grand bonheur de l’Etat de Droit et des Institutions. L’Autorité sous quelque niveau que se soit, devra alors se conformer aux lois qui assurent la stabilité, la démocratie et la prospérité de la Nation.
