Une maturité croissante et plus d’indépendance

Le Rapport d’Activités des acteurs marocains du capital investissement au titre de l’exercice 2018 affiche clairement une maturité montante et un professionnalisme incontestable des équipes de gestion.

L’Association marocaine des Investisseurs en Capital (AMIC) vient de faire le point lors d’une conférence de presse organisée à Casablanca. Elle confirme encore une fois l’indépendance des sociétés de gestion qui atteint aujourd’hui 96% pour les années 2017 et 2018 et annonce ainsi l’amorce de la 4e génération de fond. Autres faits marquants, les gestionnaires des fonds d’investissement disposent actuellement d’un pouvoir décisionnel confirmé.  Le capital investissement reste un secteur pourvoyeur de valeurs et d’emplois. Plus de 6000 postes d’emplois ont été créés dans plus de 100 entreprises.  L’intervention des fonds dans les entreprises crée également une dynamique extrêmement bénéfique en matière de responsabilité sociale et environnementale, relate le rapport.

Parmi les grandes caractéristiques du secteur, on annonce que l’année 2018 a enregistré un record en termes de levées de fonds avec un montant de 1 681 MMAD, ce qui constitue un record depuis le développement du capital investissement au Maroc au seuil des années 2000. Aussi, le rapport nous renseigne que les fonds trans régionaux s’accaparent 77% des levées pour le Maroc depuis 2012. Idem, pour la part des organismes de développement internationaux qui a fortement augmenté avec les 3e et 4e générations de fonds.

Le cumul des montants levés à fin 2018 s’élève à 19,3 Mds MAD dont 13,8 Mds MAD pour le capital investissement et 5,5 Mds MAD pour les fonds d’infrastructure.

Le rapport d’activités met en avant aussi la forte augmentation de la part des investisseurs internationaux dans la levée de fonds. 75% des capitaux étrangers proviennent d’organismes de développement internationaux. L’Investissement est  en hausse en 2018 avec 760 MMAD investis dont 14 nouveaux investissements.

Les fonds restent généralistes. Avec 44 % des investissements réalisés en 2018, le secteur industriel s’arroge la première place tandis que celui des services et transport arrive en seconde position avec 1/4 des investissements. Près de 80% des investissements sont réalisés dans les régions de Casablanca-Settat (69%) et de Rabat-Salé-Kénitra en 2018.

La majorité des montants investis (89%) ces 2 dernières années le sont dans des entreprises en phase de développement et 8% sont consacrés à des opérations d’amorçage et risque.

La taille des deals ne cesse d’augmenter. En 2017-2018, 20% des transactions sont supérieures à 100 MMAD. Parallèlement, les investissements inférieurs à 20 MMAD représentent 45% des opérations.

Toutefois, il est clair qu’un net déclin des transactions majoritaires a été constaté ainsi qu’une  forte hausse des transactions se situant «entre 5 et 34 %». Autres faits marquants, c’est l’augmentation du nombre de transactions de plus de 100 MMAD entre les 3e et  4e

générations  (de 13% à 20%), ainsi que des transactions entre 10 et 20 MMAD (de 10% à 25%). Quant aux désinvestissements en 2018, ils se sont élevés  à 312 MMAD.

Il faut noter qu’avec 1,3 Mds MAD, le montant des sorties effectuées en 2 ans (2017/2018) est plus important que le montant atteint (1 Mds MAD) par la 3e génération de fonds (2012-2016). Parallèlement, en raison de l’atonie de la Bourse et étant donné que 99% des transactions sont minoritaires, près des ¾ des sorties (en valeur) se sont faites auprès du marché secondaire ou du management en 2018.

Le secteur couvre 27 sociétés de gestion qui gèrent 50 fonds dont 19 actifs et les autres en phase de désinvestissements ou totalement désinvestis. Aussi, la majorité des sociétés sont localisées au Maroc. Selon le rapport en question, les équipes actuelles font preuve de discrétion et de professionnalisme et dispose d’attributions décisionnelles qui auparavant revenaient aux investisseurs dans plus de la moitié des fonds dits de seconde génération.

Il faut dire par ailleurs, que la forme juridique «étrangère» reste dominante notamment dans la 4e génération de fonds avec 83% (en valeur).

En fait, l’étude a été réalisée pour la 11e année consécutive par le Cabinet Grant Thornton sous la houlette de la Commission Etudes & Statistiques de l’AMIC présidée par Adil Rzal, Président de l’association.

Un impact plus significatif

L’impact des fonds est encore plus significatif en matière de gouvernance. Cette dernière s’impose de façon drastique dans les mois qui suivent la prise de participations avec près de 100% des sociétés investies mettant en place audits, comités de suivi de l’activité, outils de reporting, indicateurs de performances et de tableaux de bord ainsi que des politiques de définition et de suivi des budgets.

Fairouz El Mouden

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