«Un homme de science, à la vision lointaine, clairvoyante et rationnelle»

Abderrahim Bouabid, l’Ancien premier Secrétaire de l’USF

 Cher frère disparu

Je ne vais certainement pas trouver au cours de cette poignante cérémonie les mots susceptibles d’exprimer la profondeur de l’affection, de la considération et de la vénération que nous te portions. Tu nous étais aussi cher que le signifiait ton propre nom «Aziz». Noble, tu as été avec les qualités humaines incomparables que tu n’as cessé de manifester dans tous les grands moments de notre vie nationale.

Tu rayonnais de noblesse, cher Aziz

Chaque fois que tu devais t’exprimer au nom du Maroc, au nom de la culture marocaine, au nom de la science marocaine, tu l’as fait avec honneur et probité.

Tu rayonnais de noblesse, cher Aziz, par ton comportement courtois à l’égard de tout un chacun, parce que tu aimais le genre humain et que tout le monde te le rendait bien. Non seulement tu aimais, mais tu donnais aussi tout ce que tu pouvais donner pour l’intérêt général comme pour les intérêts particuliers, pour le bien de tes camarades dans ton parti comme pour celui de tes frères dans les autres organisations.

Très cher frère, tu l’étais aussi, ô Aziz, parce que tu étais un homme de science, à la vision lointaine, clairvoyante et rationnelle.

Parmi les souvenirs qui me sont les plus chers, je voudrais évoquer la période pendant laquelle j’ai eu le privilège de t’avoir comme collaborateur pendant les premières années de l’indépendance, lorsque ce qu’on appelait la science économique du Tiers-Monde était encore à ses premiers balbutiements. Nous étions arrivés ensemble grâce à ta pertinente contribution, à la conclusion suivante : après la décolonisation politique, nous devions nous atteler à l’édification d’un Maroc réellement indépendant avec sa propre culture, sa propre science et ses propres initiatives sur la base de nos nobles traditions arabo-islamiques.

L’un des premiers penseurs du Tiers-Monde

Tu as été cher Aziz l’un des premiers penseurs du Tiers-Monde à telle enseigne que tes théories sont devenues des théories scientifiques et des textes de référence en honneur, non seulement au Maroc, mais dans le monde industrialisé.

C’est pourquoi, cher Aziz, notre douleur est incommensurable et nos cœurs débordent de souffrance et d’affliction devant ta disparition.

Nous attendions de toi d’autres apports en plus de tout ce que tu nous as donnés. Mais telle a été la volonté de Dieu.

Tu as vécu, aimé et honoré, tu nous quittes aimé et honoré, laissant derrière toi des milliers d’étudiants, d’intellectuels, de cadres de l’Etat qui constituent, malgré leur diversité d’opinion et d’orientations, une véritable école de pensée qui se caractérise par la vision désintéressée, la combativité, l’aptitude à rester inébranlable devant les épreuves difficiles que traverse notre pays.

Combien nous aurions souhaité, cher Aziz, que tu puisses poursuivre avec nous la marche que nous avons entreprise ensemble avec la détermination d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés : le règne de la justice sociale, de la démocratie et de la tolérance dans ce pays et jusqu’à ce que notre patrie devienne un exemple vivant parmi les peuples arabes et africains.

Mais, hélas, nous avons perdu en toi le combattant et le savant et nulle phrase ne peut traduire la douleur qui étreint nos cœurs.

Que Dieu t’ait en sa sainte miséricorde, cher Aziz. Au revoir, nous restons fidèles à notre serment.

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