Rapport Benyoub sur les événements d’Al Hoceima

En dépit de la gravité, une incubation avec «succès» par la société

En dépit de leur gravité et de la délicatesse de la situation globale dans la région tout entière, les évènements «pacifiques» d’Al Hoceima ont été «incubés et couvés avec succès» par la société tout entière (Etat, institutions, société civile), compte tenu des atouts que lui confère «sa  vaccination» contre les changements violents intervenus dans d’autres pays (Tunisie, Libye, Syrie, Egypte, Irak, etc.), indique Ahmed  Chaouki Benyoub, délégué interministériel aux droits de l’homme.

Benyoub, qui présentait, jeudi 4 juin au Forum de la MAP son premier rapport intitulé : «évènements d’Al Hoceima et protection des droits de l’homme : données, conclusions, recommandations», a insisté sur la singularité que représente le traitement réservé à ces événements par les autorités, les institutions, la société civile et les mouvements similaires qui ont vu le jour dans d’autres régions.

Au-delà de tous les slogans, les marches, les drapeaux, les clichés et les mots d’ordre que brandissaient et répétaient les manifestants pour réclamer la satisfaction de leurs  revendications, le mouvement a été accompagné et soutenu dans un élan de parrainage par la société tout entière, a-t-il dit. Il a rappelé que les évènements n’ont été à aucun moment rejetés ou fustigés, étant donné la légitimité des revendications visant à mettre fin à l’exclusion et aux injustices que subit la région du Rif depuis 1958 et la douleur et la colère que suscite la mort tragique du poissonnier Mouhcine Fikri.

Depuis leur déclenchement, ces évènements ont été couvés par l’Etat. Il ne les a ignorés à aucun moment, étant donné que le pays était suffisamment préparé pour faire face à une telle situation en partant notamment du discours royal d’Ajdir et du traitement réservé à ces évènements.

C’est ainsi que les forces de l’ordre ont fait preuve durant toute la période de 6 mois des évènements d’un comportement irréprochable et les autorités locales ont réagi pour satisfaire les revendications et maintenir le contact et le dialogue avec les manifestants.

Pour sa part, le Conseil national des droits de l’homme a accompagné le déroulement des évènements au même titre que les organisations de la société civile et les mass média.

Et pourtant, le climat régional régnant à l’époque était marqué par des changements violents survenus dans des pays arabes et la recrudescence des tendances sécessionnistes, fanatiques, religieuses et autres.

Quant aux jugements prononcés à l’encontre des activistes du Hirak, ils doivent être respectés en tant que tels étant donné qu’ils émanent d’un pouvoir judiciaire jouissant de son indépendance.

En l’état actuel des choses, 42% des activistes du Hirak du Rif condamnés ont bénéficié de la grâce royale, a-t-il dit, ajoutant que le rapport avance un certain nombre de conclusions et de recommandations visant notamment à la promotion, à la protection et à la consolidation des droits de l’homme non seulement dans la région d’Al Hoceima mais partout au Maroc.

Le rapport recommande aussi au CNDH d’enrichir son action en poursuivant son programme d’accompagnement des familles de détenus, de procéder à une évaluation de son action et de publier l’étude sur les événements de 1958-59, réalisée dans le cadre du programme du CNDH.

Le délégué interministériel aux droits de l’homme a fait savoir à cette occasion que trois rapports seront prochainement publiés, le premier, en octobre prochain, sur les droits de l’homme au Maroc, le deuxième, en décembre prochain, sur les droits de l’homme au Sahara et le troisième sur les droits de l’homme, les libertés et les associations, en décembre 2019.

M’Barek Tafsi

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