Paris: Rencontre sur «les Migrations en Méditerranée»

Quatre jours après leur rencontre à Helsinki, les ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères de quatorze Etats membres de l’Union européenne se sont retrouvés, ce lundi 22 juillet, à Paris pour débattre de la question des «Migrations en Méditerranée», source de bien des tensions internes principalement avec l’Italie qui se plaint d’avoir à faire face seule au flux de migrants qui se déverse continuellement sur ses côtes.

D’ailleurs, après avoir adressé à son homologue français, Christophe Castaner, un courrier où il déplore que les décisions ayant trait à la gestion de la crise migratoire soient «prises seulement à Paris et Berlin», le ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini, n’a pas jugé bon de participer à cette rencontre qu’il a qualifiée de «flop» dans la mesure où, à ses yeux, les participants se sont contentés de «réaffirmer que l’Italie devrait continuer à être le camp de réfugiés de l’Europe».

Rappelant que c’est l’absence du «partage du fardeau» de l’accueil qui met l’Italie dans l’obligation de fermer ses ports, Matteo Salvini a déclaré, dans un communiqué, que la réunion de Paris est un échec dès lors que «l’Italie ne reçoit pas d’ordres». Aussi, ce dernier a-t-il appelé le président français à venir «aussi à Rome» s’il veut «discuter des immigrés».

Mais quoiqu’en dise le ministre italien, l’objectif de cette rencontre était bel et bien, selon une source proche du dossier, de parvenir, en Septembre à Malte, à un accord «sur un mécanisme permettant d’assurer plus d’efficacité et plus d’humanisme dans les débarquements des migrants en Méditerranée». Aussi, sous l’impulsion de Paris et de Berlin, les participants à cette réunion ont-ils convenu d’arrêter la liste des pays qui vont s’engager à se répartir systématiquement l’accueil des personnes secourues sans, pour cela, être obligés d’engager de lourdes négociations après chaque sauvetage. En contrepartie de l’ouverture des ports de l’Italie et de Malte, le mécanisme retenu va donc permettre de répartir les migrants secourus en les acheminant rapidement vers les pays faisant partie de la «coalition de volontaires».

Dans la conférence de presse donnée par le président français à l’issue de cette rencontre et après son entrevue avec le Haut Commissaire de l’ONU pour les réfugiés Filippo Grandi et le Directeur Général de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), Antonio Manuel de Carvalho Ferreira Vitorini, Emmanuel Macron a déclaré que les participants ont donné  leur accord de principe au «mécanisme de solidarité» de répartition des migrants présenté par Paris et Berlin. Le président français a tenu, également, à faire état de la participation «active» de huit d’entre eux – à savoir, la France, l’Allemagne, le Portugal, le Luxembourg, la Finlande, la Lituanie, la Croatie et l’Irlande – et à préciser qu’après avoir «consolidé le mécanisme de répartition à court terme» dont l’objectif est justement de mettre fin aux bras-de-fer à répétitions avec Rome, les participants à la réunion de Paris ont voulu «aller plus loin (…) en responsabilisant l’ensemble des pays-membres» et en accélérant le «retour» des migrants qui «n’ont pas vocation à l’asile».

Considérant, par ailleurs, que «l’Europe n’est pas à la carte lorsqu’il s’agit de la solidarité», le président français a souhaité que «l’ensemble des pays-membres participent» au programme arrêté dont l’exécution reste, bien entendu, subordonnée à l’octroi d’une partie des fonds structurels de l’Union Européenne.

Enfin, bien que faisant état de son inquiétude quant à la diminution de «la capacité de sauvetage» des migrants qui tentent la traversée de la Méditerranée centrale, Filippo Grandi le Haut Commissaire de l’ONU pour les réfugiés a tenu, toutefois, à saluer l’avancée réalisée lors de la réunion de ce lundi à Paris.

Une répartition «équitable» du fardeau de l’accueil des migrants qui échouent sur les côtes italiennes va-t-elle réellement voir le jour après cette rencontre et «pousser» l’Italie à ouvrir ses ports à l’important flux migratoire à destination du vieux continent? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Related posts

Top