Journée mondiale du don d’organes

Le nombre de donneurs reste «très modeste» au Maroc

La première journée mondiale du don d’organes est née à Genève (Suisse), le 17 octobre 2005, à l’initiative de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Depuis, chaque 17 octobre se tient la Journée mondiale du don d’organes dont l’objectif est de combattre la pénurie d’organes.

A l’instar d’autres pays de la planète, le Maroc célèbre le 17 Octobre la journée mondiale du don d’organes. Une occasion idoine pour rappeler que notre pays a réalisé d’énormes progrès dans tous les domaines de la médecine. Des vies sont sauvées chaque jour, des malades sont mieux pris en charge, les traitements sont de plus en plus performants, et tout cela grâce au développement de la médecine qui a réussi à vaincre et à éradiquer de nombreuses maladies.

Il est vrai que notre pays a réalisé tout au long de ces 30 dernières années, de  grands progrès dans le domaine de la médecine.

Mais les médecins et les traitements innovants sont parfois dans l’impossibilité de venir à bout de certaines maladies, particulièrement quand l’organe malade est totalement défaillant.

Dans ce cas, le recours à des greffons humains reste le seul moyen permettant la survie d’un patient atteint d’une pathologie grave. C’est le cas pour les malades souffrant d’une insuffisance rénale chronique, grave et permanente pour lesquels la greffe rénale est vitale.

C’est aussi le cas pour la transplantation hépatique qui consiste à remplacer un foie malade par un autre sain, la greffe de cornée qui permet aux personnes malvoyantes de retrouver une vision normale, la greffe de moelle osseuse quand les cellules sanguines sont altérés par un cancer, la greffe du cœur dans le cas de l’insuffisance cardiaque sévère…

Parler du don et de la greffe au Maroc, c’est préciser que le Maroc a été précurseur dans ce domaine, puisque la première opération de greffe de reins à l’échelle maghrébine remonte à 1985. Elle a été réalisée au sein de l’hôpital Ibn Rochd de Casablanca.

Dans le même ordre d’idées, nous relevons que la première transplantation du cœur a été réalisée en 1995 au CHU Ibn Sina de Rabat et la greffe de la moelle osseuse en 2004 au CHU Ibn Rochd de Casablanca, alors que la première greffe de la cornée a été enregistrée en 2009.

Les greffes d’organes en quelques chiffres

Plus de trente ans après la première greffe de reins, notre pays ne trouve toujours pas encore sa vitesse de croisière en matière de don et de greffes d’organes. Les derniers chiffres dont nous disposons concernant les greffes d’organes réalisées au niveau des différents centres hospitaliers marocains dûment habilités à réaliser des greffes d’organes,  font état de 513 greffes de reins dont 21 greffes de reins pour des enfants.

03 greffes de cœur

14 greffes de foie

400 greffes de moelle osseuse et de cellules souches

3500 greffes de cornées

90 greffes ont été réalisées grâce aux organes provenant de donneurs décédés.

63 implants cochléaires en vue de soigner la surdité.

Ces chiffres laissent perplexes. A l’évidence, il y a un paradoxe, car comment expliquer que notre pays qui a été précurseur et avant-gardiste au niveau régional concernant la greffe d’organes (1985),  ne réalise que des résultats mitigés aujourd’hui en 2019.

Don d’organes, don de vie

Quand on soulève la question relative au don et greffes d’organes, pratiquement tout le monde semble conscient des réels enjeux. Mais dans la réalité des choses, il en va autrement, et dès lors qu’il s’agit de se prononcer soi – même sur cette question, de faire don d’un organe pour sauver une vie, nos concitoyens ne se pressent pas pour donner un de leurs organes ou tout simplement s’inscrire sur le registre des donneurs d’organes qui existe au niveau du tribunal de première instance.

Face à une telle situation, on comprend mieux que le don d’organes n’est pas ancré dans notre culture, car il est empreint de tabous. C’est une pratique qui n’arrive pas à connaitre un décollage susceptible de répondre aux attentes des patients qui espèrent une greffe d’organes.

En effet chaque année, plusieurs milliers de Marocains attendent (souvent en vain) des dons d’organes de personnes vivantes ou décédées pour remplacer leurs cœur, poumons, reins, foie, cornée, pancréas.

Face à cette réalité amère , choquante et très pénalisante , nombreux sont les spécialistes qui ont à maintes reprises tiré la sonnette d’alarme pour attirer l’attention des responsables et des décideurs sur le nombre sans cesse croissant de patients qui décèdent en attente d’organes et plus particulièrement, le don de reins. Aujourd’hui, la situation est sérieuse à plus d’un titre. Elle nous interpelle tous.

Une pratique bien encadrée

Au Maroc, la greffe d’organes a tardé à bénéficier d’un cadre réglementaire. La loi 16/98 relative au don, au prélèvement et à la transplantation d’organes et de tissus humains, a été promulguée en 1999. Ainsi, toute personne majeure peut faire don de ses organes après sa mort. Cette volonté pouvant être enregistrée auprès du président du tribunal de première instance.

Ce texte a été toiletté, avec l’adoption d’un projet de loi amendé et rehaussé en 2013 par la promulgation d’une loi qui réglemente la greffe de tissus humains des mineurs, à condition que l’absence de risque du prélèvement soit établie et qu’aucun donneur adulte compatible ne soit présent dans l’entourage.

Le prélèvement et la transplantation d’organes ne peuvent être effectués que dans les hôpitaux publics agréés et les personnes mineures ne peuvent être donneuses.

Cette loi repose notamment sur le principe de gratuité et d’anonymat. Le don d’organes étant un acte de générosité et de solidarité entièrement gratuit, le nom du donneur ne peut être communiqué au receveur et inversement.

Sensibiliser – Informer – Communiquer

Après plus de dix ans d’existence, seules 1000 personnes se sont inscrites sur les registres dédiés aux dons d’organes après décès. C’est insignifiant.

Aujourd’hui, on est loin de pouvoir répondre à une demande sans cesse croissante de patients en attente d’une greffe d’organes (rein, foie, cornée, moelle osseuse…). Il est clair que les besoins en la matière sont importants et qu’il serait illusoire de prétendre faire face à toute les demandes. Nous avons les compétences, nous avons la haute technologie, nous avons des structures de haut niveau, mais ce sont les mentalités des citoyens marocains qui constituent un réel problème.

Il s’agit de sensibiliser encore et toujours nos concitoyens au don d’organes, aux enjeux que représentent les greffes d’organes.

Cette sensibilisation ne doit pas être occasionnelle, mais réalisée tout au long de l’année, pour que chacun de nous puisse prendre conscience de l’importance du don d’organes.

Ouardirhi Abdelaziz

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