Un royaume où il fait bon vivre…

Par: Mustapha Labraimi

Faut-il encore en parler ? Plus son nom est dans les bouches, plus il se manifeste. Son développement exponentiel ne peut être arrêté que par la distanciation sociale et le confinement.

On se rappellera de cette épidémie qui a ramené tout le monde au zéro avec obligation de reformatage du comportement individuel dans le cadre de la responsabilité collective. De la permissivité sans limites à des interdictions dont l’esprit est « comment se comporter avec les autres afin de se protéger soi-même”. Difficile à faire admettre par le seul civisme ! Devant une insouciance égoïste et/ou relique d’un autre temps passé, certaines voix réclament l’intervention de l’Etat et l’instauration du couvre-feu!

L’Etat qui se retrouve obligé de revenir à ses prérogatives régaliennes aux dépens de ses pourfendeurs qui voulaient toujours le moins d’État possible. Actuellement et partout où il sévit, Le service public est magnifié. On se lamente que ce service public, dont certains voulaient l’enterrement, ne soit pas assez efficient pour répondre à une sollicitation de plus en plus importante. Si la solidarité du secteur privé, issue elle-même des biens communs, tarde à se faire sentir ; le service public ne peut pas attendre. Il assume comme il peut dans le sacrifice et l’abnégation de ces serviteurs qu’ils soient dans le domaine hospitalier ou dans le sécuritaire.

Et dans tout cela, quid de la personne humaine qui constitue avec ses semblables la société ? Sa perception des enjeux, sa compréhension des faits, son intelligence á séparer «le bon grain de l’ivraie», sa capacité à se mobiliser et á se soumettre à la règle de l’intérêt général ; son éducation en un mot ? C’est là aussi l’objet d’un service public qui ne peut souffrir encore plus de ne pas préparer la population à la citoyenneté. C’est dans la crise que l’on reconnaisse la valeur de la personne humaine, qu’elle soit au commandement ou á l’exécution.

A énumérer les choses qu’il a fait apparaître dans notre société, la vigilance s’impose pour éviter tout comportement visant à tirer profit d’une situation où la peur et la panique risquent de l’emporter sur la raison. Inadmissible ce prêche qui apostasie l’Etat, ses institutions et sa population pour une mesure sanitaire qui empêche pourtant « de se jeter devant la destruction »!? Autant Inadmissible la spéculation sur les prix que la gestion des rayons pour faire croire à la pénurie et écouler les stocks dans un but d’enrichissement illégal ! Et ce secteur informel qui perdure dans tous ses aspects et que personne ne veut transformer en l’intégrant dans les circuits institutionnels.

Une partie de la société elle-même reste, dans son retard hérité, rétive à ce changement; et, l’action des gouvernants est restée á ce sujet confinée dans le discours. Exemple parmi bien d’autres : un café est fermé par mesure sanitaire préventive et le cas social de la main-d’œuvre, voire du propriétaire, est posé. Comment vont-ils pouvoir assurer leur survie ? L’informel ne facilite pas la vie, il la complique et fragilise la cohésion sociale.

Il est certain que l’épidémie passera et que demain ne sera pas comme les jours d’avant. Cela non seulement au niveau national, mais au niveau de l’ensemble des nations. L’économie devra être relancée alors que certaines certitudes sont devenues obsolètes par le fait et non par l’idée.

Si la souveraineté nationale ne peut s’exprimer par le chauvinisme et la fermeture sur soi, elle doit être assurée dans l’indépendance et la sécurité des besoins de la personne humaine. La loi du marché et ceux qui la pratiquent dans le sens du «laisser aller, laisser faire» pour accumuler des richesses individuelles monstrueuses sont coupables de la catastrophe sanitaire comme des atteintes à l’environnement ayant conduit aux changements climatiques.

Il est temps de consolider et d’opérer les changements sociaux et politiques qui s’imposent pour le bienêtre de la personne humaine dans notre beau pays. Il est temps de mettre un terme à cette accumulation des profits par une minorité et de promouvoir des politiques durables à même d’éradiquer les inégalités sociales et les disparités spatiales. Pour exister dans un royaume où il fait bon vivre…

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