Le Hezbollah libanais entre en guerre contre la pandémie…

Dans un discours prononcé lundi dernier devant les ambassadeurs du Groupe International de Soutien au Liban (GIS) réunissant plusieurs pays européens et arabes, le président libanais Michel Aoun a signalé à l’assistance qu’au moment où «le plan (de sauvetage) financier et économique était sur le point d’être finalisé (et que) le Liban s’apprêtait à lancer un vaste chantier pour résoudre sa crise économique, financière et sociale» la pandémie du Covid-19 a aggravé la situation. Aussi, les autorités libanaises se sont-elles trouvées dans l’obligation de demander au GIS d’accélérer le déblocage de l’aide internationale convenue.

Deux jours plus tard et dans un communiqué en date de mercredi, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a appelé les autorités du Pays du Cèdre à établir un plan d’assistance urgent pour faire face à la menace d’insécurité alimentaire qui risque de toucher plusieurs millions de libanais.

Aussi, bien qu’aucune demande ne lui ait été adressée directement, le Hezbollah libanais, souvent présenté comme étant « un Etat dans l’Etat » et soucieux, par ailleurs, de redorer un blason terni par son trop grand rapprochement avec Téhéran et par son soutien inconditionnel aux forces de Bachar Al-Assad que le monde occidental  ne porte pas dans son coeur, a immédiatement volé au secours du pays que la pandémie du coronavirus a mis complètement à l’arrêt en l’obligeant à décréter, dès la mi-mars, un état d’urgence sanitaire et un confinement général alors même qu’il était déjà plongé dans une assez grave crise économique.

«Notre objectif est de soulager les hôpitaux publics et le gouvernement» dira Hussein Fadlallah, un responsable du Hezbollah pour la région de Beyrouth.

Ainsi, pour combattre cet ennemi  invisible qu’est le Covid-19 qui a déjà affecté plus de 575 personnes et ôté la vie à plus d’une vingtaine d’autres, le mouvement de Hassan Nasrallah a déployé beaucoup plus de moyens que ceux qu’il avait coutume de mobiliser pour lutter contre l’ennemi historique « bien visible » qu’est l’Etat d’Israël, mais en « blouses blanches » cette fois-ci.

Le mouvement chiite a ainsi déployé plus de 20.000 personnes dont quelques 1.500 médecins et près de 3.000 infirmiers et secouristes, ouvert un hôpital déjà fonctionnel, rénové et équipé quatre autres hôpitaux désaffectés, créé 32 centres médicaux, deux centres de dépistage et 3 hôpitaux de campagne, mobilisé une flotte de 25 ambulances et, enfin, loué des hôtels entiers pour y loger les personnes à mettre en quarantaine.

Et si, par ailleurs, le Hezbollah a mené une très vaste campagne de désinfection des rues dans ses fiefs électoraux que sont la banlieue sud de la capitale libanaise et la partie méridionale du pays, il en a fait de même dans les villages chrétiens et dans les quartiers de Saïda – une ville à dominante sunnite – pour ne point être accusé de favoritisme et saisir cette occasion pour rappeler à tous les libanais qu’en un moment pareil,  l’heure est à l’union.

Disons pour terminer que s’il répond, sans le dire, aussi bien à la demande du président libanais qu’à celle de l’ONG Human Rights Watch, l’important déploiement de moyens humains et matériels entrepris par le Hezbollah est, avant tout, consécutif au discours prononcé à la mi-mars par le Secrétaire général du mouvement chiite lorsqu’il avait assimilé la lutte que le Liban est contraint de mener contre la pandémie du Covid-19 à « une guerre mondiale » qui va nécessiter une très grande mobilisation. Se drapant donc du costume d’homme d’Etat, Hassan Nasrallah a mobilisé ses troupes pour sauver le Liban. Quelle sera la suite ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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