«Le choc devrait se manifester de façon plus intense au deuxième trimestre»

Tourisme et Transport

Par Fairouz El Mouden

Les prévisions et les chiffres changent d’une semaine à l’autre. Le covid-19 ne cesse d’amplifier les inquiétudes et d’aggraver la crise dans de nombreux secteurs stratégiques de l’économie. Le tourisme et le transport sont aujourd’hui profondément touchés pour ne pas dire ruiner à cause de cette  pandémie mondiale.

Une chute de 252 milliards de dollars et non plus de 113 milliards de dollars est la nouvelle estimation de l’association du transport aérien international (IATA) qui s’attend à un plongeon de 44%  par rapport à 2019. Les restrictions de voyage à l’échelle mondiale vont occasionner une baisse de 20 à 30% des arrivées touristiques, une perte de 300 à 450 milliards de dollars et de 5 à 7  ans de croissance à l’industrie du tourisme, sans oublier le risque de destruction de millions d’emplois, craint l’Organisation mondiale du tourisme (OMT).

Dans une analyse intitulée «Flash Covid-19» l’Office National marocain du tourisme fait le point sur l’impact de l’épidémie sur l’économie et ses implications sur le secteur du tourisme  pour comprendre et évaluer les mesures pour lutter contre la menace du coronavirus.

Le monde se dirige vers une récession, s’accordent à dire toutes les organisations. «Le choc économique de la crise du COVID-19 devrait se manifester de façon plus intense au deuxième trimestre», indique l’analyse de l’office du tourisme. Lequel rappelle que 96% des destinations dans le monde imposent quatre grandes restrictions. Il s’agit de la fermeture totale ou partielle des frontières aux touristes, restrictions sur les voyages pour certaines destinations particulières ; suspension totale ou partielle des vols et l’obligation de quarantaine ou d’isolement, certificatsmédicaux, annulation ou suspension de délivrance des visas.

Ainsi l’analyse des comportements d’achat et de dépense des consommateurs réalisée par le cabinet BCG dans plusieurs pays européens révèle que le voyage est la  première dépense que les ménages veulent réduire. Plus encore, le secteur du tourisme est perçu par les analystes du cabinet Mckinsey «comme une activité à forte risque de transmission avec un intérêt économique moins attractif que le secteur primaire et secondaire».

Ces restrictions de voyage partout dans le monde à cause du Covid-19 vont se traduire par une baisse de 20 à 30% des arrivées de touristes internationaux en 2020 par rapport à 2019. L’OMT rappelle à ce titre que «  la crise économique mondiale n’avait causé qu’une baisse de 4% des arrivées en 2009 et l’épidémie de SRAS  0,4% en 2003 ». D’où la crainte de voir les recettes du tourisme international (exportations) chuter dans des proportions comprises entre 300 et 450 mrds$ ». Ce n’est pas tout «Des millions d’emplois risquent d’être détruits», craint l’OMT précisant qu’ « environ 80% de toutes les entreprises touristiques sont de petites et moyennes entreprises (Pme). D’ailleurs, selon les dernières recherches du World Travel & Tourism Council (WTTC)», Les résultats montrent qu’environ un million d’emplois sont perdus chaque jour dans l’industrie du voyage et du tourisme en raison de l’effet dévastateur de la nouvelle épidémie de coronavirus, une augmentation de 50%  par rapport à l’estimation précédente faite par le WTTC, il y a deux semaines ».

Le transport aérien ne s’en sort pas indemne de cette crise sanitaire qui  devrait selon IATA  provoquer « une perte de chiffre d’affaires de 252 milliards de dollars cette année, et non plus de 113 milliards de dollars comme prévu il y a une semaine ». Le trafic de passagers devrait quant à lui  chuter sur l’année de 38%. D’où le nécessaire soutien des compagnies aériennes par l’Etat. L’IATA évalue à 200 milliards de dollars l’enveloppe budgétaire pour sauver le secteur. Il faut rappeler que plusieurs États sont déjà passés à l’acte. L’Italie est en train de nationaliser Alitalia. La Norvège a accordé sa garantie pour les prêts de ses compagnies aériennes, dont Norwegian. La France a assuré qu’elle allait aider Air France-KLM, mais ne dit rien pour les autres compagnies françaises…

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Ce que pensent les grands opérateurs touristiques mondiaux

•Rayanair

 Le patron de la compagnie aérienne low cost Ryanair croit en une reprise rapide du transport aérien, une fois levées les restrictions de voyage liées à la pandémie de coronavirus. Le tout se fera sur une guerre des prix dont il entend bien sûr sortir vainqueur. La compagnie irlandaise a lancé une vente flash, pour des départs le mois de septembre, des allers-retours : 40€ depuis Perpignan et Carcassonne.

 •Emirates

 La compagnie aérienne a annoncé être la capable à organiser des « tests rapides » à l’aéroport. L’objectif détecter le coronavirus  parmi ses passagers. Il s’agit d’un test sanguin effectué par l’Autorité de la santé de Dubaï. Les transporteurs aériens des Émirats arabes unis sont autorisés depuis la semaine dernière à assurer un nombre limité de vols pour rapatrier des étrangers qui étaient dans le pays.

• Costa Croisières

Prolonge la suspension de ses opérations jusqu’au 30 mai minimum. La compagnie italienne, qui appartient au groupe Carnival, explique ne pas pouvoir opérer normalement, et promet que ses clients « auront l’assurance d’une reprotection, conformément à la législation en vigueur, offrant la plus grande garantie dans cette situation d’urgence».

•Booking Holidings

 Dans un rapport boursier sur ses activités, le groupe Booking Holdings déclare connaître une baisse des réservations de 85% par rapport à l’année dernière sur la même période. Un chiffre qui devrait continuer à augmenter à mesure que la crise continue.

• FTI Touristik

Le TO appartient à environ au deux tiers à Dietmar Gunz (le PDG) et sa femme RoulaJouny et à un tiers du milliardaire égyptien Samih Saw iris. Fin 2019,. Suite à l’élaboration d’un plan financier de relance ces dernières semaines, FTI Group vient d’obtenir la confirmation de plusieurs soutiens pour l’année à venir. En plus de l’engagement financier de ses actionnaires, le Groupe bénéficie de l’implication du Gouvernement allemand, du soutien de plusieurs cantons allemands ainsi que de la banque UniCredit.

Les 23 recommandations de l’OMT

La première implique la gestion  de la crise et l’atténuation de l’impact pour le maintien des incitations et des emplois, soutenir l’activité des travailleurs indépendants et protéger les groupes les plus vulnérables ; 2- Soutenir la trésorerie des entreprises ; 3- Réexaminer les taxes, redevances et droits et la réglementation ayant une incidence sur les transports et le tourisme ; 4- Assurer la protection des consommateurs et la confiance ; 5- Promouvoir l’acquisition de compétences, surtout de compétences numériques ; 6- Inclure le tourisme dans les dispositifs économiques d’urgence aux niveaux national, régional et mondial ; 7- Créer des mécanismes et des stratégies de gestion des crises. 8- Fournir des incitations  financières à l’investissement et à l’exploitation touristiques ; 9- Réexaminer les taxes et redevances et la réglementation ayant une incidence sur les voyages et le tourisme ; 10- Faire progresser la facilitation des voyages ; 11- Promouvoir les nouveaux emplois et l’acquisition de compétences, en particulier numériques ; 12-Prendre en compte la durabilité environnementale dans les dispositifs de relance et de redressement Connaître le marché et agir rapidement pour rétablir la confiance et stimuler la demande ; 13-Donner une impulsion au marketing et aux événements et réunions ; 14- Investir dans les partenariats ; 15- Faire une place au tourisme dans les programmes de redressement nationaux, régionaux et internationaux et dans l’aide au développement. 16) Faire une place au tourisme dans les programmes de redressement nationaux, régionaux et internationaux et dans l’aide au développement. 17- Diversifier les marchés, les produits et les services; 18- Investir dans les systèmes d’analyse des marchés et la transformation numérique ; 19- Renforcer la gouvernance du tourisme à tous les niveaux ; 20-Se préparer aux crises, améliorer la résilience et veiller à inclure le tourisme dans le mécanisme et les systèmes d’urgence nationaux ; 21- Investir dans le capital humain et la mise en valeur des talents ; 22-Inscrire solidement le tourisme durable parmi les priorités nationales ; 23-Passer à l’économie circulaire et s’approprier les objectifs de développent durable.

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