Le grand chef Raoni lance un SOS au nom des peuples indigènes…

«Nous avons besoin d’être ravitaillés en denrées alimentaires basiques, en produits d’hygiène, en médicaments et aussi en combustible (…) Nous avons besoin de soutien financier et je me tourne vers vous pour soutenir ma communauté (…) Sans votre aide, les peuples indigènes du Brésil ne pourront pas faire face à cette terrible maladie» [entendez, par-là, le Covid-19].

Tel est le message adressé ce dimanche à la communauté internationale, dans une vidéo diffusée par l’ONG française «Planète Amazone», par Raoni Metuktine, un des grands chefs du peuple nomade «kayapo» vivant sur les terres brésiliennes «protégées» du Mato Grosso, et devenu, depuis trente ans une figure emblématique de la lutte pour la protection de la forêt amazonienne et des peuples indigènes.

Avec sa couronne à plumes jaunes, sa lèvre distendue formant un grand plateau labial et son regard de sage, Raoni Metuktine ne passe plus inaperçu depuis qu’en 1989, il avait quitté pour la première fois son pays pour alerter la communauté internationale sur la situation en Amazonie. En compagnie de Sting, le chanteur britannique, il avait alors parcouru le monde pendant trois mois et visité plus d’une dizaine de pays afin de leur faire part du danger que font courir les Blancs aux peuples indigènes de la forêt amazonienne lorsqu’ils envahissent leur territoire. Son but? Récolter de l’argent afin de créer des zones où la forêt est protégée.

Ainsi, dans son communiqué en date de ce dimanche, accompagnant l’appel vidéo du Chef Raoni, l’ONG «Planète Amazone» dénonce «l’abandon des peuples indigènes d’Amazonie [environ 800.000 personnes] par les pouvoirs publics brésiliens» lors de la pandémie du Covid-19 et «lance une  campagne de soutien financier à destination de ses partenaires indigènes».

Considérant qu’à l’heure qu’il est, au moins une trentaine d’indigènes ont été contaminés par le nouveau coronavirus et que trois en sont morts, un juge brésilien a interdit aux missionnaires évangélistes «d’entrer en contact avec les peuples indigènes d’Amazonie, particulièrement vulnérables aux virus importés comme le Covid-19».

Estimés à près de 370 millions d’individus, disséminés à travers plus de 70 pays, les peuples autochtones qui constituent 5% de la population mondiale et 15% des personnes les plus pauvres de la planète ont toujours été confrontés à de multiples défis et ont toujours vus leurs droits humains bafoués. Etant donc politiquement sous-représentés, où qu’ils se trouvent, et n’ayant pas, de ce fait, accès à des services sociaux, ceux-ci se retrouvent, aujourd’hui, seuls face à la pandémie du coronavirus qui s’est abattue sur la planète ces derniers mois.

En l’absence, donc, de moyens médicaux appropriés alors même qu’en application des différentes conventions élaborés en la matière, elles sont supposées «jouir pleinement des droits de l’homme et des libertés fondamentales sans entraves ni discrimination», certaines populations autochtones n’ont pas trouvé d’autre issue pour tenter d’échapper à la propagation du Covid-19 sur leur territoire que celle de fermer tous les voies d’accès menant à leurs villages. Est-ce suffisant alors que la pandémie du coronavirus fait rage dans tous les coins de la planète et emporte des vies par milliers même dans les pays les plus développés ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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