Le Covid-19, cet être vivant qui ne nous aime pas

Fabriqué dans un laboratoire en Chine pour mettre à genoux l’occident, selon les tenants de la théorie du complot ou propagé par un patient zéro qui aurait mangé un serpent venimeux dans le fameux marché aux animaux sauvages à Wuhan, selon des récits concordants mais peu vérifiables, le coronavirus est un être vivant qui ne nous aime pas.

Coiffé d’une couronne mais dépourvu de la grâce et de la sagesse des têtes couronnées, le nouveau coronavirus ou Covid-19 est un dictateur. Il a imposé l’assignation à résidence à plus de la moitié de l’humanité, restreint les libertés et décrété l’état de siège dans nombreux pays.

Choisissant ses cibles, le Covid -19 s’attaque plutôt aux personnes âgées. Les scientifiques ont aussi décelé en lui un certain penchant pour les femmes, les plus jeunes d’entre elles surtout. Il les épargne. Les statistiques le prouvent bien d’ailleurs : le taux de mortalité chez la gent féminine est inférieur à celui des hommes.

Les virologues expliquent ce phénomène par le fait que les femmes sont génétiquement mieux armées pour résister aux maladies infectieuses.

Versatile, mutant et têtu, toujours selon les conspirationnistes, il ne suit pas à la lettre les instructions de ses géniteurs qui l’auraient conçu pour, apparemment, réguler la démographie de l’Afrique. Or il s’avère que c’est bien ce continent qui résiste le mieux au virus, contrairement à l’Europe qui compte plus de 125.000 morts aujourd’hui. Mais ironie du sort, c’est dans ce même continent africain que certains apprentis sorciers laborantins souhaitaient réaliser des tests de vaccins à grande échelle contre ce virus. Ils ont très vite été corrigés et mis au ban de la société.

Le patron de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus les a sévèrement sermonnés en qualifiant leurs propos de « honteux » et « horrifiants », tandis qu’un torrent de dénonciations à travers le monde est venu leur rappeler que les Africains ne sont pas des cobayes.

Évoquant avec humour les caractéristiques du Covid -19, le célèbre journaliste français Bernard Pivot le définit comme un super-misanthrope qui déteste voir les gens se rassembler, échanger, rigoler et faire la fête. C’est aussi un puritain, puisqu’il n’aime pas que les gens s’embrassent, se touchent, se donnent l’accolade et préfère les voir le visage couvert.

Pour cet animateur d’émissions culturelles à la télévision française, le Covid 19 est aussi un anticapitaliste, car il a réussi à mettre à terre les économies les plus performantes, dézingué les bourses et réduit au strict nécessaire la consommation des humains.

Ce virus à couronne serait aussi un écologiste. Ses effets sur Mère Nature valent mieux que mille discours de Greta Thunberg. Grâce à lui, l’air est plus respirable, les nuisances sonores se sont tues et les oiseaux volent à l’envi dans un ciel épuré.

Quant aux enfants, même s’il les aime bien car très peu d’entre eux sont atteints, ils lui dressent un portrait macabre.

Dans leur imaginaire, il se présente comme un vampire assoiffé de sang avec des yeux rouges étincelants, des canines pointues et des mains velues.

Bernard Pivot le traite d’assassin avec lequel on vit tous les jours. Un assassin qui défie les plus grands détectives de ce monde, car il est invisible, inodore et incolore, mais reste heureusement très vulnérable, puisque de simples gestes d’hygiène comme le lavage des mains au savon peuvent le neutraliser.

Adil Zaari Jabiri  (MAP)

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