«Le ministère de l’agriculture brille par son absence…»

Khalid El Kiraoui, président de l’AMDA

Khalid El Kiraoui, président de l’Association marocaine du développement agricole (AMDA) juge que les  rumeurs alléguant que la fête du sacrifice n’aurait pas lieu cette année, a semé la panique parmi les petits éleveurs, devenus une proie facile pour les «chenaka».  Pour lui,  le département de tutelle brille par son absence, étant donné qu’il se trouve incapable d’établir une stratégie de  communication avec les éleveurs. Cette faiblesse s’est accentuée surtout durant la crise provoquée par la pandémie.

Al Bayane : Quel diagnostic faites-vous du secteur de bétail?

Khalid El Kiraoui: il est tout à fait  normal que  dans ce moment où les éleveurs se préparent pour la fête du sacrifice, les prix de l’alimentation du bétail  connaissent une augmentation assez significative. Sauf que pour cette année, notre pays vient d’enregistrer  une sécheresse qui a  lourdement impacté la saison agricole. Les aliments composés destinés au bétail ont connu une augmentation vertigineuse. Pire encore,  la situation s’est encore aggravée avec le Covid-19 surtout avec la décision de la fermeture des marchés hebdomadaires, qui  sont la  seule issue pour les petits éleveurs de bétail pour commercialiser leur production animale. Cela leur permet de disposer d’une somme d’argent pour acheter des aliments de bétail  et préserver par conséquent la santé du cheptel. La majorité des petits éleveurs sont à court de moyens financiers et sont au bord de «chenaka». (AMDA), Khalid El Kiraoui, l’asphyxie. En fait, la situation est devenue plus inquiétante…

Qu’en est-il des mesures prises par le département de tutelle?

Le ministère est appelé à rassurer les petits éleveurs. Or, force est constater que le département de tutelle brille par son absence, incapable d’établir une stratégie de  communication avec les éleveurs. Cette faiblesse s’est accentuée surtout durant la crise provoquée par la pandémie.

Les  rumeurs alléguant que la fête du sacrifice n’aurait pas lieu cette année, a semé la panique parmi les petits éleveurs, devenus une proie facile pour les « chenaka ».  Le département de l’agriculture doit intervenir en urgence pour mettre un terme à cette situation dramatique afin de préserver les intérêts de cette catégorie sociale tout en menant une guerre  sans merci contre les charognards.

Voulez-vous dire que la mesure de la subvention de l’orge n’est-elle pas suffisante?

D’ailleurs, il faut souligner que l’orge n’est pas la seule source d’alimentation. Qui plus est, l’orge subventionnée est d’une mauvaise qualité. Sa valeur nutritionnelle représente seulement 10% en comparaison avec le produit local, d’autant plus que je trouve que son prix fixé à 2DH le kilo plombe encore le pouvoir d’achat des éleveurs. Je dois également que la subvention de l’orge n’a rien d’exceptionnel. Elle relève  plutôt d’une mesure coutumière…

Quelles solutions  préconisez-vous alors?

En tant qu’association, nous voulons que le département de l’agriculture doit réfléchir à des solutions efficaces, telles l’organisation des marchés hebdomadaires au niveau de chaque province.  Nous revendiquons, en outre, la subvention des aliments composés ou encore qu’il fasse pression sur les sociétés qui détient le monopole de la distribution  pour abaisser les prix ou au moins qu’elles fassent preuve de patriotisme et de citoyenneté dans ces moments pénibles et ce en accordant, à titre d’exemple,  des facilités de paiements aux petits agriculteurs qui sont exclus du processus de commercialisation.

K.D

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