Jeûne et prise de médicaments ?

Cette question revient toujours à l’ occasion du mois sacré de Ramadan, et nombreux sont les malades qui ne savent pas quoi faire. Il y a certes un très grand problème de communication. Celui-ci est inhérent au manque d’informations médicales sur l’utilisation des médicaments que prend le patient pour sa maladie, particulièrement au mois de Ramadan.

Ce n’est pas la faute du médecin dans la mesure où celui-ci n’est souvent pas contacté. Surtout quand il s’agit de patients présentant des maladies chroniques (diabète – hypertension artérielle, cardiopathies ….) qui ont des traitements de longue durée.

Il y a aussi des patients qui ont des traitements moins contraignants, mais qu’il faut prendre deux où trois fois par jour, mais qui tiennent absolument à jeûner.

Les médicaments qui peuvent être administrés sans crainte, sachant que la religion autorise un certain nombre de voies d’administration du médicament pendant le jeûne sans pour autant le rompre.

Quelles sont les voies d’administration avec la pratique du jeûne de Ramadan?

Eclaircissements.

Il faut que l’on soit très clair sur la prise des médicaments qui sont prescrits par le médecin traitant. Il convient de rappeler ici, et de souligner avec insistance, qu’un malade ne peut en aucun cas changer de lui-même le traitement qu’il suit, que ce soit (horaire, nombre de prises, durée du traitement) sans l’avis préalable de son médecin traitant.

Il faut noter que durant le mois de Ramadan, notre mode de vie change , que pour de très nombreux malades qui tiennent par-dessus tout jeûner , ce n’est pas toujours chose évidente tant pour le médecin qui prescrit le traitement, que pour le malade qui doit suivre scrupuleusement les consignes de son médecin traitant.

En effet, les changements dans le rythme alimentaire et dans le rythme de vie d’une manière générale provoquent des changements d’ordre thérapeutique pendant le Ramadan. Certains médicaments doivent être pris la nuit alors qu’ils l’étaient jusqu’alors consommés au cours de la journée. Ces conditions peuvent changer d’efficacité ou la tolérance du médicament et de par leur effet, peuvent entraîner des sensations gênantes pour le jeûneur.

Enfin, d’autres médicaments, qui doivent être pris à jeun ou qui nécessitent plusieurs prises deviennent difficilement maniables dans les conditions du Ramadan.

Pour voir un peu plus clair dans ce problème dont l’opacité reste très gênante, on se réfère aux recommandations et conseils des Oulémas du Monde Islamique grâce à la Fondation Hassan II pour la Recherche Scientifique et Médicale sur le Ramadan (FRMSR) sur l’utilisation des médicaments pendant le jeûne.

Concilier jeûne et prise des médicaments

Il est possible pour un patient désirant de pratiquer le jeûne de Ramadan, et qui suit très bien son traitement, qui est équilibré et dont l’état de santé ne suscite

pas d’inquiétudes, de demander conseil à son médecin pour savoir s’il peut lui changer un médicament qui est à prendre plusieurs fois par jour, par un autre qui peut être administré en une seule prise par jour.

Il n’est pas toujours aisé pour le médecin de tout chambouler du jour au lendemain, surtout quand des améliorations de santé de son patient sont perceptibles.

Dans la grande majorité des cas, le médecin traitant écoute les doléances de son patient, et cherche à lui faciliter la pratique du jeûne.

Cette facilité n’est pas acquise automatiquement, ce n’est pas une règle générale, pour tous les malades. C’est le médecin et lui seul qui peut décider, qui peut juger si son malade peut pratiquer le jeûne ou non. Le médecin cherchera toujours à savoir si la pratique du jeûne tout au long du mois de Ramadan, sera sans risque pour la santé du malade, et si celui-ci pourrait être disposé à observer scrupuleusement les conseils concernant la prescription des médicaments.

Suivre les conseils de son médecin traitant Pour pouvoir répondre aux attentes de son patient, changer certains médicaments par d’autres, changer la posologie et les horaires, la voie d’administration, le tout sans nuire a la santé du malade, le médecin prend en considération plusieurs paramètres.

En premier lieu, la nature de la maladie, son stade d’évolution, l’état général du patient, l’âge, le sexe, les capacités psychologiques ainsi que les aspects religieux et scientifiques.

Concernant l’aspect scientifique, tous les médecins sont unanimes pour répondre d’une même voix, qu’il n’est pas toujours facile de changer les prises médicamenteuses du jour vers la nuit sans prendre certaines précautions. Surtout quand il s’agit de médicaments à marge thérapeutique étroites et de médicaments indiqués dans les maladies chroniques.

Il s’agit aussi de s’assurer que le changement du moment d’administration des médicaments n’influence ni leur tolérance ni leur efficacité.

Pour l’horaire des prises de médicaments, pour un malade qui avait l’habitude de prendre son traitement trois fois par jour, le médecin cherchera à lui prescrire un autre dosage qui nécessitera deux prises. La répartition peut s’envisager

par la désignation de la première prise au moment de la rupture du jeûne. La deuxième, quant à elle, peut se situer alors juste avant le lever du soleil. Il y aussi des médecins qui optent pour la prise orale unique le soir. Elle constitue l’idéal pendant le Ramadan.

Il faut rappeler que certains effets de plusieurs médicaments dont la prise orale à été reportée le soir, peut altérer la qualité du sommeil qui est déjà courte pendant la période du Ramadan. C’est le cas notamment des diurétiques qui se réveillent à cause du besoin d’uriner qu’ils créent.

En conclusion, alors que le Ramadan est à son 12e jour, il nous faut absolument insister sur le rôle du médecin traitant, qui est capital. C’est lui et lui seul qui est habilité à prescrire le traitement médical à son malade. C’est le médecin qui connaît le mieux la meilleure voie d’administration du médicament qui convient au patient. C’est encore le médecin qui peut savoir exactement si l’état du malade peut concilier le jeûne et les médicaments et par quelles voies d’administration.

Les conseils du médecin traitant sont de ce fait forts utiles, doivent être suivis et respectés par le malade. En outre si le malade observe un quelconque changement ou effet secondaire, il doit immédiatement en référer à son médecin traitant qui pourra prendre toutes les mesures qui s’imposent en pareille situation.

Les voies d’administrations des médicaments compatibles avec la pratique du jeûne Suite à la conférence de consensus sur la compatibilité des voies d’administrations avec la pratique du jeûne de Ramadan. Ce consensus était sorti avec la recommandation indiquant que seule la voie d’administration orale est incompatible, alors que toutes les autres voies mentionnées ci-dessous sont compatibles avec la pratique du jeûne :

Les voies locales : pommade, spray, bandes.

Les voies oculaires et nasales.

Les voies rectales et vaginales.

Les voies sous-cutanées et intramusculaires.

Les voies d’administration par aérosol.

Ouardirhi Abdelaziz

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