Pas de pèlerins étrangers cette année

Le Haj 2020 permis à un nombre très limité de Saoudiens

Le doute ne plane plus sur le Haj 1441/2020, dans la conjoncture et l’environnement inquiétants de la pandémie liée à la covid-19.

Les autorités saoudiennes viennent de lever le voile sur la question du pèlerinage, objet, depuis la crise sanitaire, d’un manque de visibilité.

Aujourd’hui, c’est officiel : le pèlerinage aura lieu mais uniquement pour un nombre très limité de citoyens saoudiens et seulement de Saoudiens. A seulement quelques milliers, alors que ce rite religieux attirait, annuellement et depuis 2015, pas moins de 2 millions de pèlerins.

Ainsi, à un peu plus d’un mois du grand rendez-vous musulman, l’annonce a eu l’effet d’un couperet. La déception, mêlée certes à une grande compréhension, est générale au sein du monde musulman. Mais elle est atténuée par les ravages que la pandémie a causés à travers le globe. Et le désir de protection est plus fort que l’envie de faire le déplacement dans des conditions particulières.

Car la réduction drastique du nombre de pèlerins à quelques milliers est dictée par la nécessité de respecter les règles de protection et de distanciation, impératives pour éviter la propagation du virus dévastateur.

Elle était prévisible même si nous n’avions pas eu la visibilité nécessaire. Ryad ne pouvait aller à contre courant de la démarche mondiale, sous peine de risquer de contribuer à l’aggravation de la contamination à la  covid-19, à travers son pays mais aussi dans le monde, ou d’en être accusée, sachant que les pèlerins proviennent des cinq continents, avec le risque de faire rentrer le virus ou de le contracter et l’emmener avec soi à la fin du pèlerinage.

La décision saoudienne tient compte, également, des avis exprimés par de nombreux pays émetteurs de pèlerins qui avaient exprimé leurs décisions de ne pas envoyer, cette année, des fidèles à la Mecque. Par mesures de précaution, de prévention et de protection.

Et même pour les Saoudiens, qui seront autorisés à faire le pèlerinage, des conditions sont exigées pour que les fidèles puissent participer au pèlerinage. L’âge est limité aux moins de 65 ans, avec, en plus, la soumission, avant comme après le rituel, à un test de contrôle à la covid-19 et à une quarantaine sanitaire domestique  dès la fin du pèlerinage.

Le coup de massue, après le pétrole

Cette réduction drastique du nombre de fidèles, sachant qu’en 2019 ils étaient près de 2,5 millions de pèlerins à s’être déplacés aux lieux saints de l’Islam, dont les ¾ proviennent de l’étranger, aura un impact sans précédent sur les rentrées financières dues au Haj.

A ceux- là, il faudra ajouter les 6 millions, au moins, de Musulmans qui font le petit pèlerinage (la Omra), privés, eux aussi, du déplacement aux lieux saints de l’Islam. Au total, c’est un manque de près de 9 millions de touristes religieux qui auront été absents à l’appel.

Ainsi, l’Arabie saoudite va enregistrer un manque à gagner sans précédent, estimé à plusieurs dizaines de milliards de dollars!

Et, pandémie du coronavirus oblige, avec la chute historique du prix du baril de pétrole (première ressource financière du pays, suivi par le produit du pèlerinage), c’est un sacré coup de massue donné au Trésor saoudien, souvent renfloué par l’apport du Haj.

Mohamed Khalil

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