Sur la nouvelle alliance entre Téhéran et Caracas…

Et de 6 ! La lune de miel entre Téhéran et Caracas s’est poursuivie, ce dimanche, au nez et à la barbe de Maison Blanche qui, d’ordinaire, contrôle la mer des Caraïbes, avec l’arrivée, au Venezuela, du «Golsan», un cargo iranien. Transportant de la nourriture destinée à approvisionner le premier supermarché iranien ayant ouvert ses portes au pays de Madura, cette embarcation est la sixième, depuis le début du mois, à franchir la mer des Caraïbes, sous le regard agacé de la US Navy, après que cinq pétroliers iraniens aient déjà ravitaillé le pays en carburant et en produits chimiques destinés au raffinage du pétrole vénézuélien.

La venue au Nicaragua, en l’espace d’un mois, de cette sixième embarcation iranienne en dépit des sanctions «américaines» qui frappent durement les deux pays, et notamment leurs industries pétrolières respectives, confirme, s’il en est encore besoin, que le très fort rapprochement en cours entre Téhéran et Caracas constitue un sérieux revers et un énorme défi lancé à la «puissance américaine».

Mais si, en temps normal, l’alliance entre les deux ennemis-jurés de la Maison Blanche n’aurait eu aucun intérêt sur le plan économique du moment que l’Iran aurait gagné beaucoup plus en vendant son pétrole à Total, la forte pression des «sanctions américaines» a obligé Téhéran à chercher à les contourner en s’adressant à des pays qui sont eux-mêmes sous le coup des mêmes «punitions» ciblant essentiellement les transferts de technologie dans tous les domaines; à savoir, la Syrie, la Corée du Nord ou encore le Venezuela.

Aussi, en dénonçant «l’apartheid technologique» occidental ayant trait au nucléaire civil, au spatial ou encore à l’industrie pétrolière, le seul moyen dont dispose aujourd’hui l’Iran pour progresser reste le partenariat, «au marché noir», avec ceux qui constituent, aux yeux de Washington, des «Etats parias».

Le premier élément qui plaide en faveur du Venezuela est qu’en s’alliant avec ce dernier alors même qu’il se trouve dans  «l’arrière-cour» de Washington, Téhéran envoie, par la même occasion, un message clair aux Etats-Unis qui maintiennent une forte présence dans le Golfe Persique lui-même situé dans «l’arrière-cour» de l’Iran. Agissant, ainsi, Téhéran bombe le torse tout en s’arrogeant le droit de faire acte de présence dans l’environnement «immédiat» des Etats-Unis.

Mais, il convient de préciser, par ailleurs, que cette alliance entre Téhéran et Caracas n’est pas faite pour durer car si, aujourd’hui, les deux capitales se sont fortement rapproché l’une de l’autre, la raison incombe essentiellement au fait que toutes les deux se trouvent du même côté de la barrière et qu’elles font l’objet des mêmes sanctions dites «irréversibles».

Aussi, quand la Maison Blanche aura un locataire «modéré» et que les «sanctions américaines» seront annulées ou, au moins, allégées, la République islamique iranienne va, sans nul doute, prendre ses distances avec le régime de Caracas qu’elle ne porte pas dans son cœur et avec lequel elle n’a noué cette alliance de circonstance que parce qu’ils font tous les deux partie du même groupe; celui des «parias». Qu’en sera-t-il après les prochaines élections présidentielles américaines? Attendons, pour voir…

Nabil El Bousaadi

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