Manifestations après le rejet de deux candidatures-clés

Présidentielles en Biélorussie

Ils étaient sept à avoir voulu participer à la course à la présidentielle de la Biélorussie prévue le 9 Août prochain mais ils ne sont plus que cinq après que la Commission électorale nationale ait refusé de valider les candidatures de Viktor Babariko et Valery Tsepkalo, tous deux pressentis comme étant des rivaux de poids au président Alexandre Loukachenko qui, après 26 années de pouvoir, fait face à une très forte contestation populaire quand, à la situation économique très peu reluisante que traverse le pays et à sa trop forte dépendance du grand voisin russe, s’est ajoutée une très mauvaise gestion de la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus.

Banquier de son état, ancien dirigeant de la filiale biélorusse de «Gazprombank»,Viktor Babariko, le premier recalé de la course à la présidentielle avait été arrêté le 18 juin dernier au moment même où il s’apprêtait à déposer sa candidature sous les accusations – fallacieuses, à n’en point douter – de «blanchiment d’argent» et de «participation à un groupe délinquant» et, par voie de conséquence, des très forts soupçons de financement illégal de sa campagne qui pèseraient ainsi sur lui. Or, si l’on en croit Valentin Stefanovich, le vice-président du Centre des droits de l’Homme «Viasna», «ces allégations n’ont fait l’objet d’aucune enquête judiciaire» et la décision de rejeter la candidature de l’intéressé aurait été prise «sur la base d’une lettre adressée au Comité central des élections». Par qui ? Pas besoin de chercher très loin.

Au second, Valery Tsepkalo, ancien ambassadeur de Biélorussie aux Etats-Unis, il est reproché de n’avoir pas réuni les 100.000 signatures requises pour la validation de sa candidature; ce que conteste le vice-président du Centre «Viasna» au motif qu’il n’existerait aucune procédure transparente de décompte des signatures.

Cette éviction n’ayant été ni du goût de la classe politique puisque trois mouvements d’opposition ont décidé d’œuvrer, main dans la main, pour affronter le président Loukachenko ni du goût de la société civile, des appels à manifester ont immédiatement fait leur apparition sur les réseaux sociaux  tant et si bien que, mardi soir,  les rues de Minsk furent envahies par des centaines de protestataires et que l’intervention musclée des forces de l’ordre a donné lieu à plus de 200 interpellations parmi lesquelles de nombreux journalistes des médias indépendants.

Le lendemain matin, c’est par centaines que les habitants de Minsk formèrent une longue file d’attente devant un des bâtiments d’Etat de la capitale afin de déposer une plainte contre la décision d’écarter deux candidats-clés prise par la Commission électorale nationale et mettre, ainsi, la Cour Suprême biélorusse au-devant de l’obligation d’émettre un avis avant la fin de la semaine.

Enfin, si, d’une part, depuis son arrivée au pouvoir en 2014, Alexandre Loukachenko s’est attelé à museler toute opposition en emprisonnant tout contestataire à telle enseigne qu’en 2019 aucun opposant n’a été élu au Parlement biélorusse et que, d’autre part, l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) n’a même pas été invitée, par le ministère biélorusse des Affaires étrangères, à dépêcher ses observateurs au scrutin du 9 Août prochain, tout porte à croire que le président sortant ne sortira pas cette fois-ci. Alors, attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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