Un grave préjudice à l’édifice de la Justice

Le scandale du magistrat véreux

L’affaire du substitut du procureur du Roi poursuivi et écroué, pour constitution de bande criminelle et corruption et sous des chefs d’accusation gravissimes nous interpelle. Il s’agit d’un cas rarissime dans le milieu de la Justice, avec des affaires de corruption, de falsification de procès-verbaux, d’abus de pouvoir et de trafic d’influence… en attendant la suite de l’instruction.

Il a fallu qu’une résidente marocaine à l’étranger porte plainte contre des individus pour que le pot aux roses éclate au jour, six mois après de profondes investigations.

C’est une affaire gravissime qui vient d’éclater au grand jour, après les arrestations d’éléments de la police judiciaire et d’intermédiaires.

Selon les premières informations, l’indélicat magistrat aurait trempé dans plusieurs affaires dont certaines n’avaient aucun lien avec les dossiers qu’il instruisait lui-même.

Les justiciables ne cessent de raconter leurs mésaventures et pointent du doigt des avocats, des procureurs et des juges qu’ils accusent de corruption ou de malversation.

L’on sait aussi que, à défaut d’arguments concrets, toute plainte contre le Parquet ou un juge, comme d’ailleurs contre un avocat, est une arme à double tronçon que les dinosaures du droit savent faire retourner contre les accusateurs transformés en accusés. Et…. Combat d’un pot de terre contre un pot de fer et les suites vindicatives y compris dans une geôle de prison…

«Un lourd dossier»

Selon certaines sources, l’on serait en présence d’un « lourd dossier » sur les agissements du magistrat et du réseau  constitué autour de lui dans une juridiction où il n’exerçait plus. Cela risque de faire tâche d’huile…

L’opinion publique a été « agréablement » surprise par ces inculpations, sachant qu’elle est bien au fait des dysfonctionnements, latents et apparents, de notre justice en quête d’un assainissement profond.

Il est vrai que le métier de magistrat, comme tous les métiers, n’échappe pas, à la règle. Il contient en son sein des poissons pourris et des brebis galeuses. Tout ce corps serait atteint par la maladie de la corruption ? Non, il faudra avouer que des gens corrects, consciencieux et probes travaillent professionnellement pour servir la Justice et faire progresser le pays, plombé par les tares administratives et judiciaires, où la corruption fait ses ravages et a atteint profondément Dame Justice.

Nul doute que l’Administration centrale de la Justice est consciente de cette réalité qui plombe l’Etat de droit au Maroc.

Des brebis galleuses

Les pressions exercées sur des justiciables, les chantages voire les rackets auxquels d’aucuns recourent pendant certaines procédures sont un secret de polichinelle…

Les dénis de justice se mesurent à la pelle, les recours aussi, les inspections du ministère de la Justice également.

Les pots de vins plus au moins importants en fonction du «délit» ou de la faveur demandée, une présentation en état de liberté, une classification de l’affaire, un dossier lourd de chefs d’inculpations véridiques ou confectionnés de toutes pièces contre un adversaire…

Hélas, tout ce beau monde semble jouir d’une couverture et protection sans commune mesure… Ici on propose une arrestation en « bonne et due forme », un PV sur mesure, des chefs d’inculpation sans possibilité d’échapper à la prison, même si l’on est en face d’une victime innocente et qui n’a rien à se reprocher…

C’est tout l’édifice de la Justice, avec ses multiples institutions, qui est concerné et mis en cause car cela lui porte préjudice.

L’image de la justice et de la société marocaine en sont ternies. Gravement.

Aujourd’hui, l’heure est à l’assainissement de tout le milieu, à commencer par l’entourage des tribunaux, des magistrats et des avocats. L’inspection générale doit être mobilisée en permanence, en renforcer les effectifs et lui assurer l’efficacité voulue.

Mohamed Khalil

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